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Dakhla : Intelligence territoriale et développement régional par l’entreprise

vendredi 24 septembre 2010

L’Association d’Etudes et de Recherches pour le Développement et l’Association Internationale francophone d’intelligence économique

Organisent

En partenariat avec l’Agence pour la Promotion et le Développement des Provinces et Préfectures du Sud du Royaume du Maroc , le Ministère de l’Education Nationale, l’Enseignement Supérieur, la Formation des Cadres et la Recherche Scientifique, le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des nouvelles Technologies, et le Groupe de l’Office Chérifien des Phosphates

UNE RENCONTRE INTERNATIONALE SUR LE THEME

« Intelligence territoriale et développement régional par l’entreprise Expériences internationales comparées »

A Dakhla, novembre 2010

NOTE DE PRESENTATION PAR

Driss Guerraoui, Président de l’AERED et Philippe Clerc, Président de l’AIFIE

L’entreprise au cœur de la compétitivité des territoires

L’analyse comparée des expériences menées de par le monde en matière d’attractivité et de compétitivité des territoires dans une économie globale et ouverte incitent à repenser en des termes nouveaux l’articulation entre « Intelligence territoriale et développement régional par l’entreprise ». A vrai dire plusieurs impulsions et signaux sont venus confirmer la nécessité d’une telle réflexion et d’un tel échange à destination des acteurs des milieux innovateurs : les entreprises, les réseaux d’entreprises, les universités, les agences de développements, les investisseurs et bailleurs de fonds, les chambres socioprofessionnelles et les décideurs publics locaux et centraux.

Ces impulsions et ces alertes sont clairement identifiées dans des travaux de réflexion et d’analyses récentes, de même que dans la formulation des politiques publiques industrielles, et technologiques, notamment depuis les cinq dernières années. Un état de l’art de ces travaux et une première évaluation de ces politiques révèlent l’émergence et le développement de comportements stratégiques des acteurs des régions confrontés à de nouvelles conditions et des formes de concurrence souvent inédites. En tendances saillantes, il s’agit particulièrement du rôle central de l’entreprise et des dynamiques entrepreneuriales et de la montée en puissance de l’intelligence stratégique comme mode de management des situations de développement régional et de la formalisation de politiques publiques d’intelligence territoriale.

Par ailleurs, dans les rapports des organisations internationales compétentes en matière d’aide au développement ou d’appui au co-développement, nous pouvons noter une orientation très claire plaçant les entreprises, les grappes d’entreprise au cœur des nouvelles dynamiques de croissance ou de rattrapage. A cet égard, l’Assemblée générale de la Conférence Permanente des Chambres de commerce Africaines et francophones, tenue en novembre 2009 à Abidjan, a permis d’apporter un éclairage empirique comparé novateur à partir de la mise en perspective de la relation entre « territoires, grappes d’entreprises et intelligence stratégique ».

En complément à toutes ces initiatives, des réflexions approfondies ont été lancées à l’échelle européenne comparant le management stratégique de 250 régions européennes, où le rôle des pôles de compétitivité et de l’intelligence stratégique y apparaît essentiel.

Deux constats majeurs ressortent de ces différentes réflexions et expériences :

- La place centrale de l’acteur « entreprise » et de la dynamique entrepreneuriale dans les stratégies de développement des régions et dans le développement des milieux innovateurs.

- Le besoin de mise en œuvre d’un management stratégique du développement régional guidé par les techniques de l’intelligence économique et conduisant à mettre en place des politiques d’intelligence territoriale au service de l’innovation.

Les conditions et les formes nouvelles de concurrence entre les régions et les territoires

L’exacerbation des concurrences entre villes et régions, au sein des univers économiques et sociaux des pays développés, entre régions et territoires du Sud, mais aussi entre régions du Nord et du Sud est une réalité quotidienne pour les décideurs et les acteurs de ces écosystèmes. Les champs de force s’organisent au gré des dynamiques discontinues, voire contradictoires entre polarisations et éclatements. Un phénomène se fait jour croisant de « convergence globale et divergences locales ». Cette dynamique générale se traduit par :
- des « effets d’agglomération cumulatifs » (migrations du travail et des compétences, relocalisations d’entreprises ou création de clusters et de grappes) là où le capital social, « le génie collectif » est attractif,
- des « effets de défaillances cumulatives » (économiques, sociales, culturelles et institutionnelles) dans les régions mobilisant difficilement le capital social et l’intelligence collective.

De ce fait, certains observateurs avisés on vu poindre une tension majeure entre modes de développement régional, dont deux sont essentiels à notre réflexion :

- La dynamique de développement régional endogène dans laquelle « la composante sociale, partenariale et ascendante » est le moteur, le levier, mais dont l’efficacité est encore faible, en raison d’une formalisation faible du processus stratégique.

- La dynamique de développement régional exogène dans laquelle la logique d’attractivité est centrale. Où la compétitivité et la performance globale se fondent sur « la réappropriation à des fins concurrentielles des facteurs immatériels » tels que le capital social, les pratiques culturelles et le « génie collectif ».

Les enseignements tirés des expériences comparées dans ce domaine favorisent une démarche fondée sur la nécessaire articulation entre les deux approches par les stratèges régionaux. Les enjeux mondialisés du développement redonnent une légitimité forte aux systèmes locaux d’innovation au sein desquels les entreprises apparaissent comme un moteur déterminant entrainant les autres acteurs de l’écosystème. Le pilotage de ce croisement, sa mise en stratégie nécessite une réflexion approfondie qui ne pourra se déployer et s’enrichir qu’au travers d’une analyse comparée d’expérience animées par des cultures de développement régionales diversifiées (latines, anglo-saxonnes, méditerranéennes, africaines...)

Mais alors, les décideurs et développeurs régionaux ont impérativement besoin de nouvelles grilles de lecture et de nouveaux modes opératoires pour :
• envisager en connaissance de cause à la fois les mutations industrielles, les ruptures technologiques, les fractures sociales et les chemins de la croissance,
• éviter les situations de dépendances stratégiques.

Evaluer l’impact des options stratégiques et les sources de risques induits nécessite une acuité informationnelle et une capacité de manœuvrabilité, que seule une fluidité dans les systèmes d’aide à la décision permettra. L’intelligence territoriale produit des organisations et des méthodes innovantes et adaptées à cette urgence.

La rencontre internationale de Dakhla

Cette rencontre que nous proposons d’organiser à Dakhla, au cœur des provinces sahariennes du Royaume du Maroc, croisera donc l’intelligence territoriale envisagée comme stratégie publique et collective d’appui à la coproduction du développement régional et aux logiques de développement territorial par l’entreprise. Elle sera originale à deux titres. Par son entrée « entreprises » et par l’étalonnage des expériences internationales qu’elle proposera, la région et la territorialisation du développement étant le dénominateur commun de cette démarche.

Dans cette perspective les experts, les chercheurs, les acteurs publics et privés, locaux, régionaux, nationaux et internationaux, les entreprises et réseaux d’entreprises, les agences régionales de développements, les associations socioprofessionnelles et les institutions internationales qui seront conviés à cette rencontre analyseront et interrogeront à travers les expériences qu’ils vont présenter les stratégies d’intelligence territoriales, leurs enjeux et perspectives et ce à partir des thématiques suivantes :

- les politiques d’intelligence territoriale, expériences internationales comparées
- les grappes d’entreprises et dynamique des territoires
- Le management du développement régional : organisation et instruments innovants
- Le partenariat Universités-Entreprises-Régions : résultats et perspectives d’évolution
- Les dynamiques régionales, concurrence et coopération
- La sécurité économique des territoires
- Et enfin le financement et l’attractivité des territoires

La conclusion de cette rencontre devrait apporter un éclairage utile pour les décideurs régionaux sur les freins et les leviers qui facilitent le développement des régions. L’entreprise (Grands groupes et PME) jouant un rôle majeur dans cette dynamique, il est évident que le ou les projets « socialisés » occuperont la place de catalyseur dans le développement territorial. A nouveau cette rencontre devrait recentrer dans ce contexte les « invariants » à partir desquels les stratégies d’intelligence territoriales pourront se développer.