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Le démiurge de l’i.e. : Robert Guillaumot

vendredi 9 mai 2008

Novembre 1996. Robert Guillaumot, créateur de
SCIP France, parle dans le numéro 0 de Veille
magazine de sa spécialité : le renseignement.
Car l’homme appelle un chat un chat. Fort d’une
riche expérience, il évite ces détours qui ne
mènent nulle part. La preuve : « Du fait de mon
passé militaire, je suis considéré comme
quelqu’un qui connaît très bien le processus du
traitement de l’information destiné à fournir des
renseignements ou des éléments à quelqu’un
qui s’en sert pour agir. Savoir, c’est une chose,
comprendre en est une autre, agir, une
troisième. Le lien entre ces trois étapes c’est ce
que j’appelle le processus d’intelligence. De mon
point de vue, la pratique de la veille
(technologique) n’est pas éloignée de l’ensemble
du processus du renseignement. » Et notre
homme sait de quoi il parle, tant du côté de
renseignements, que du côté veille.

Jeune sous-lieutenant affecté au 17ème Régiment
d’Artillerie Blindée à Sedan, Robert Guillaumot fut invité
en décembre 1953 à se mettre en civil pour aller travailler
au 2ème Bureau. Comme il l’explique : « Rien de
particulier ne me destinait à prendre une telle orientation,
sinon le fait que je pratiquais un peu plus ou un peu
mieux les langues étrangères que les autres jeunes officiers :
l’anglais, l’allemand, un peu de russe et un espagnol approximatif
lié à mon lieu de naissance proche des Pyrénées. »


LE SYNDROME DU PORTEUR DE NOUVELLES

Tout de même. Notre jeune homme, tout d’abord excité par
le côté romanesque des services de renseignement, se rend
vite compte que le travail quotidien est d’une autre nature :
« pas d’aventure, mais du papier, encore du papier à lire, des
fiches à écrire, des rapprochements à faire pour des rapports
souvent routiniers dont on ne connaissait pas en retour l’utilité.
 »

Pourtant, Robert Guillaumot va être marqué par le Chef
d’Escadron dont il partageait alors le bureau : « Quand il
émergeait de sa réflexion - facilitée par sa surdité car il
débranchait son sonotone - il grognait ou tempêtait à propos
de la valeur des sources qui lui fournissait de l’information en
amont, et en bout de cycle du manque de « feed-back » des
demandeurs, ce qui lui aurait permis d’avoir une compréhension
plus intime et surtout évolutive des préoccupations des
« utilisateurs », donc de mieux travailler. Auprès de lui, j’ai
appris comment qualifier ces sources et comment surmonter
ce que nous appelions « le syndrome du porteur de nouvelles
 » en améliorant par des pièges de présentation ou de mise
en valeur la curiosité du destinataire. » Essentiel. !

Après l’Armée et l’armistice de 1955 mettant fin à la guerre
d’Indochine, Robert Guillaumot souhaite mettre en oeuvre
dans une activité professionnelle ses compétences en renseignement.
Il rentre chez SVP, le service de renseignement par téléphone, que son Président, Maurice de Turckheim, cherchait
à développer comme un service aux entreprises.


DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE AU RENSEIGNEMENT D’ENTREPRISE

« SVP était alors une originalité : un indicatif téléphonique à 3
lettres, 250 lignes de téléphone groupées, près de 200
employés compos » de standardistes d’accueil, d’informateurs
renseignant les clients, de documentalistes préparant et organisant
les connaissances auxquelles les informateurs avaient
accès pour répondre.

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