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Le diplomate qui va surveiller les espions

mercredi 28 mai 2008

(Crédits photo : AFP)

Bernard Bajolet, ambassadeur de France en Algérie, est pressenti pour coordonner l’activité des services de renseignements auprès de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Un poste nouvellement créé pour cet expert du monde arabe.

De l’action diplomatique à l’univers opaque du renseignement, il n’y a, parfois, qu’un pas. À 59 ans, l’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, s’apprête à le franchir, en devenant « M. Renseignement » auprès de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Un nouveau poste créé par le prochain livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont la publication est prévue mi-juin. C’est donc à un homme hors du sérail qu’échoit la difficile tâche de coordonner les activités des différents services en matière de lutte antiterroriste, alors que la menace contre la France n’a jamais été aussi élevée depuis dix ans. « Je le plains », lâche un ancien espion, qui déplore la vieille concurrence à laquelle se livrent la DGSE (la sécurité extérieure), la DST (pour l’intérieur) et la DRM (le renseignement militaire).

Si cet énarque n’a pas une connaissance profonde de la galaxie des services, il a été ponctuellement au fait de « certaines affaires opérationnelles », dans les Balkans avec la traque des criminels de guerre serbes ou à Bagdad pour la libération des otages. « Bajolet est un grand professionnel, hyperefficace », reconnaît l’un de ceux qui ont travaillé à ses côtés. Si Nicolas Sarkozy a la réputation de ne pas porter dans son cœur les agents du Quai d’Orsay, trop timorés à son goût, nul doute qu’il trouvera en lui « un diplomate hors norme ». Bagdad, Damas, Amman, Alger : depuis trente ans, la carrière de cet homme élancé, à la barbiche finement taillée, épouse les soubresauts d’un monde arabe qu’il connaît bien. Le voilà, à la fin des années 1980, premier secrétaire en Syrie. Paris subit des attentats terroristes, tandis qu’à Beyrouth, des Français sont enlevés. Pour calmer les foyers de tension, la DST noue ses premiers contacts avec les Renseignements syriens. À Damas, Bajolet suit ces dossiers. « Aujourd’hui encore, il reste très apprécié de la DST », confie l’un de ses membres.

Ce célibataire se passionne pour les chevaux, qu’il élève dans son manoir de l’Est de la France. À Damas, il pratique le polo avec Bassel, alors dauphin de son père le président Hafez al-Assad, mais qui mourra avant lui dans un accident de voiture. Quelques années plus tard, ambassadeur de France en Jordanie, Bajolet s’adonnera à ce sport avec le prince Hassan, le frère du roi Hussein et qui était alors le prince héritier. Dans sa résidence d’Amman, Bajolet héberge son collègue de Bagdad, avant que celui-ci prenne la longue route rectiligne pour se rendre en Irak alors sous embargo.

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